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Arts & Culture

Yaya Coulibaly : L’héritier des « yiri mogoninw »

Aujourd’hui, le Mali est reconnu mondialement comme le pays d’origine de la marionnette grâce, entre autres, à son travail colossal.

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Aujourd’hui, le Mali est reconnu mondialement comme le pays d’origine de la marionnette grâce, entre autres, à son travail colossal.

Un jour de l’an 1959, à Koula, un petit village de l’actuelle région de Koulikoro, au Mali, une cérémonie rituelle du Jo qui se tient tous les sept ans, battait son plein. Au même moment, dans la grande concession des Coulibaly, s’annonçait un petit garçon. Il s’appellera Yaya.

Cette naissance, en ce jour particulier, est un message clair, celui des dieux bamanan. Il annonce le destin singulier du nouveau-né, dont la vie sera consacrée au Djo et à la marionnette.

Yaya n’est pourtant pas l’aîné de la fratrie Coulibaly, laquelle comptera une dizaine d’enfants, mais c’est lui qui sera l’héritier des « yiri mogoninw » (que l’on peut traduire littéralement par « petits hommes en bois »). C’est une volonté des dieux ; les sages de la famille Coulibaly, de même que tous les autres sages du village, l’ont bien perçue. Ils travailleront ensemble à la réalisation du destin singulier de Yaya Coulibaly.

\\\ »La marionenette est la somme de tout l’imaginaire humain.\\\ »

Le « yiri mogonin » est un art mystique qui dispose toutefois de représentations destinées aux profanes. Il se transmet de génération en génération dans la famille Coulibaly. C’est ainsi que Yaya apprendra auprès de son père les secret de cet art que son père définit comme « la somme de tout l’imaginaire humain ».

Cependant, l’éducation de Yaya ne sera pas que traditionnelle et mystique. Dans les années soixante, l’école des Blancs, comme on la nommait, s’était pleinement installée dans plusieurs villages du Mali. Yaya est inscrit à l’école fondamentale de Kangaba, en 1968, où il obtient le diplôme du CEP en 1973.

En 1977, Yaya Coulibaly obtient son DEF et suivra une formation en Arts plastiques à l’Institut national des Arts de Bamako où il ob- tient son diplôme de fin de cycle en 1981. En 1988, Yaya Coulibaly bénéficie d’une bourse d’études qui lui permet d’entrer à l’École Na- tionale supérieure des Arts et de la Marion- nette (ESNAM) de Charleville-Mézières en France où il s’intéresse par ailleurs à l’ethnologie et participe activement aux travaux de

recherches scientifiques liés aux objets des sociétés traditionnelles d’Afrique de l’Ouest. En 1990, ses études à ESNAM sont sanctionnées par un Brevet de Technicien Supérieur.

Yaya Coulibaly mariera à loisir ces deux types de savoir (rationalisme et occultisme) qu’il a acquis dans ce qui deviendra sa profession : artiste-marionnettiste. Ainsi, fera-t- il évoluer, voire révolutionner cet art majeur, cependant négligé.

« Avant, ce n’était pas possible de tailler dans la rue, mais avec la permission des Anciens, on se permet une certaine liberté », nous confie-t-il. Cette liberté, il la pousse encore plus loin en faisant de cet art mystique, restreint, occulte, un art du spectacle, accessible à un large public.

Partant volontaire de la Fonction publique, en mars 1991, il fonde une compagnie de marionnettes qu’il baptise Sogolon, et part à l’assaut du monde. Il voyage un peu partout pour présenter ses créations classées en sa- crées, semi-sacrées et populaires, qui délivrent des messages profonds d’amour, de paix et de solidarité entre les hommes. De la création de la compagnie Sogolon à nos jours, Yaya Coulibaly a fait plusieurs fois le tour de la terre. Ses œuvres ont été exposées dans de prestigieuses salles comme le Metropolitan Museum à New York ou la Fondation Cartier à Paris.

Et quand un de ses petits hommes en bois s’épuise, comme s’épuise le petit homme en

chair et en os, il a droit à une cérémonie : « La marionnette est comme un être vivant, quand elle se détériore, elle a droit à des funérailles », nous révèle Yaya Coulibaly.

« J’ai dédié toute ma vie au sauvetage et à la sauvegarde de la marionnette », dit-il également. Sa collection compte aujourd’hui plus de 25 000 pièces dont certaines datent du XIIIe siècle. Grâce à son œuvre, il est admis aujourd’hui que le Mali est le pays d’origine de la marionnette. Ce travail fut couronné par plusieurs distinctions dont celle des Journées théâtrales de Carthage en 2023. « Ce prix couronne un parcours, c’est une récompense de mon dévouement, c’est la plus grande recon- naissance de mon travail », dit Yaya Coulibaly.

Cependant, des défis sont encore là, comme le transport ou la conservation de ces articles en bois et en tissu qui se dégradent facilement sous l’assaut du temps, de l’humidité et du feu. Pour relever ces défis, Yaya Coulibaly imagine des solutions comme la construction d’un centre dédié à la marionnette, en chan- tier au quartier Magnambougou, à Bamako, ou la création d’un festival dénommé Festival international Sogobo de Bamako dont la première édition s’est tenue du 20 au 26 mai 2024 au Musée National du Mali ; ces dates ont été choisies après consultation du calendrier bamanan, signale Yaya Coulibaly ; chose rare, sans doute.

Bonne continuation, l’artiste !

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Plat de résistance : leurs thèmes se lisent dans leurs titres. N’tabla ou aimer jusqu’à la haine ; Les Mamelles de l’amour ; Les amants de l’esclaverie ; Jeu de Dames ; L’empreinte de l’amour ;

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